mardi 10 février 2015

La collection des « Grands témoins de l’architecture »

Aristeas est à l’initiative d’une collection d’ouvrages traitant de l’histoire de l’architecture. Le nom de la collection - « Les Grands témoins de l’architecture » - annonce d’emblée l’esprit dans lequel sont conçus ces ouvrages : pour chaque période de l’histoire, il s’agit en effet de choisir un monument emblématique et représentatif d’une typologie architecturale.


Les ouvrages de la collection des "Grands témoins". 
Au premier plan, la restitution 3D de la Sainte-Chapelle
Ainsi, tout en relatant l’histoire particulière du site, le titre consacré à la forteresse de Mont-Dauphin, par Nicolas Faucherre, permet d’aborder la thématique des guerres de siège sous Louis XIV, décrivant les grandes lignes de l’architecture bastionnée.
L'ouvrage consacré à l'abbaye du Thoronet conduit sous la direction d'Yves Esquieu (Vanessa Eggert, Jacques Mansuy) élargit le propos, faisant le point sur l’ordre cistercien, l’organisation des lieux de vie spirituelle et matérielle, ou encore la hiérarchie au sein d’une abbaye...
Autre temps, autre bâtiment emblématique : le livre de Pascal Ory sur Chaillot (les palais du Trocadéro et de Chaillot) permet d'avoir une approche historique et sociologique de cette architecture emblématique des XIXe et XXe siècles.
Il en est de même pour les trois autres titres de la collection : la villa Savoye et l'unité d'habitation de Le Corbusier, par Jacques Sbriglio ; le Palais de la Cité, par Herveline Delhumeau et la cathédrale de Reims, par Alain Erlande-Brandenburg.
En croisant ainsi les siècles et les courants architecturaux, la collection des « Grands témoins de l'architecture » a pour ambition de brosser une histoire de l’architecture. En s’appuyant sur des exemples réels, elle ancre l’aspect théorique dans la réalité d’une histoire et d’un territoire.
Ecrit par des auteurs spécialistes des sujets, chacun de ses ouvrages est considéré aujourd’hui comme une synthèse de référence.

Trois partenaires pour la collection des "Grands témoins de l'architecture"
Aristeas / Actes Sud / Cité de l’architecture et du patrimoine : 3 acteurs pour une collection
Pour Aristeas, le partenariat autour de la collection s'est imposé naturellement : nos voisins et partenaires Actes Sud se chargent de la fabrication, diffusion et distribution de l’ouvrage. La Cité de l’architecture et du patrimoine assure le comité scientifique.
Aristeas  prend en charge la conception des ouvrages et des DVD.


Livre et DVD : deux médias complémentaires
Exemple d'un menu de DVD 
Les séquences "Visiter" du Palais du Trocadéro
L’une des caractéristiques de la collection des « Grands témoins » est de proposer un double média : livre et DVD. Chaque ouvrage est en effet accompagné d’un DVD (environ 55 minutes) composé de différentes séquences - la plupart en 3D -  destinées à enrichir la lecture de l’ouvrage selon trois actions :
- « découvrir » : séquence de synthèse sur l'ensemble du site.
- « approfondir » : séquences thématiques
- « visiter » : visite vidéo et en 3D.
Le lecteur peut lire le livre puis visionner le DVD. Il peut aussi préférer, sur chaque thématique, avoir une lecture conjointe des deux médias : grâce à un pictogramme, le lecteur est en effet invité à découvrir un contenu associé dans le DVD.



De l’usage variée de la 3D...
Les ouvrages de la collection des « Grands témoins de l'architecture » présentent la documentation iconographique incontournable sur chaque sujet traité : documents anciens (peintures, gravures, archives photographiques), photographies actuelles, plans…
L'autre grande originalité de la collection réside cependant dans le large recours à l’image 3D dans le livre, d’une part ; et dans le DVD qui lui est associé, d’autre part.
Les rendus de l'image 3D varient selon le propos adopté : la plupart privilégient un rendu réaliste, favorisant une approche sensible du monument. Ces rendus spectaculaires permettent de voir ce qui n'existe plus - lorsque le bâtiment a disparu - ou de proposer un point de vue inédit - par exemple, des vues aériennes.

Ambiance orageuse sur le Palais de la Cité restitué en 3D...

Mais certaines restitutions virtuelles ont pour objectif d'accompagner efficacement un discours pédagogique. Ainsi de nombreuses vues en éclaté des bâtiments facilitent l'explication des principes constructifs ou permettent de souligner la distribution d'un bâtiment...

L'Unité d'habitation de Le Corbusier
Coupe en écorché pour détailler les principes constructifs


La collection des « Grands témoins de l'architecture » est représentative de l'esprit dans lequel oeuvre notre agence Aristeas. En mutualisant différents médias - ici, livre papier et films -, elle propose de véritables ouvrages transmédias.


A ce jour, six titres sont parus dans cette collection :
- Yves Esquieu, Le Thoronet, une abbaye cistercienne, 2006, rééd. 2011
- Pascal Ory, Le Palais de Chaillot, 2006
- Alain Erlande-Brandenburg, La cathédrale de Reims, chef d’oeuvre du gothique, 2007
- Nicolas Faucherre, La place-forte de Mont-Dauphin, l’héritage de Vauban, 2007
- Jacques Sbriglio, Le Corbusier, Habiter : de la Villa Savoye à l’UHM, 2009
- Herveline Delhumeau, Le palais de la Cité, du palais des rois de France au palais de justice, 2011

Six titres de la collection des "Grands témoins de l'architecture 

Retrouver aussi la collection des « Grands témoins de l'architecture » sur :
http://www.actes-sud.fr/rayon/recherche/1307/all
http://www.citechaillot.fr/fr/publications/grands_temoins_de_larchitecture/


mardi 3 février 2015

Petite revue de presse de « L’éléphant de Napoléon »...

Notre livre sur l’éléphant de la Bastille (voir article ci-dessous) a su séduire la critique.

Après "Le ciel de Louis XIV" autour des globes de Marly,
le deuxième opus de la collection Curiosités

« Feuilleter ce petit bijou d’édition éveille donc un plaisir d’autant plus addictif que la rêverie et la réflexion qu’il inspire sont sublimées par une iconographie somptueuse » souligne Guillaume Lévêque sur le site des Clionautes. « Ce très joli petit album collectif, aussi savant que soigné, doit légitimement attirer l’attention de tout passionné du Premier Empire comme de tout amoureux de Paris… » poursuit-il.

Justement. Parmi les passionnés du premier Empire, Irène Delage, récemment auteur avec Chantal Prévot d’un très bel Atlas de Paris au temps de Napoléon, écrit sur le site de la Fondation Napoléon : « Ce magnifique ouvrage, très richement illustré, nous relate l'aventure symbolique et architecturale de ce monument étonnant ». La revue Napoléon Ier évoque pour sa part « l’incroyable projet dans un somptueux ouvrage ».

Et tous les critiques de souligner la grande richesse iconographique de l’ouvrage, tant pour les illustrations (VMF : « d’innombrable représentations graphiques rassemblées dans ce livre racontant cette passionnante histoire), que pour les images virtuelles (Sylvain Alliod, dans La Gazette Drouot : « Hubert Naudeix, spécialiste de la restitution en 3D, s’est penché sur un cas bien singulier… »).

Parmi les images 3D, mention spéciale pour les dernières pages de l’ouvrage proposant des photomontages mettant en scène l’éléphant virtuel en lieu et place de la colonne de Juillet. Et si l’éléphant de la Bastille avait vraiment été construit, à quoi aurait donc ressemblé notre place de la Bastille ? nous étions-nous interrogés, mi sérieux, mi-amusés. Antoine Reverchon dans Le Monde évoque ainsi : « Le dernier chapitre n’en est pas le moins surprenant : la magie du photomontage photographique numérique permet de substituer l’éléphant impérial à la familière colonne dans le paysage contemporain parisien, des manifs du 1er mai à la Bastille à l’Opéra du même nom ». « Cette substitution exotique est une heureuse surprise dont la vision s’insère harmonieusement dans ce cadre conventionnel en prenant un cachet éminemment parisien... et fait aussi la démonstration du potentiel esthétique et touristique qui aurait pu en résulter » achève Guillaume Lévêque.

 « L’éléphant de Napoléon » a été choisi dans les sélections « Beaux-livre » de Noël 2014 par Le Monde et Télérama.

Paris oublie trop souvent ce qu’il doit à Napoléon.
Une prochaine exposition au Musée Carnavalet devrait réparer cet oubli. Mais nous en reparlerons…

A lire
L’éléphant de Napoléon, par Matthieu Beauhaire, Mathilde Béjanin et Hubert Naudeix
Ed. Honoré Clair, 2014

Pour poursuivre sur le même sujet :
Atlas de Paris au temps de Napoléon, par Irène Delage et Chantal Prévot
Ed. Parigramme, 2014

Napoléon Ier et Paris, par Georges Poisson
Ed. Tallandier, rééd. 2002

lundi 26 janvier 2015

La redécouverte de l’abbaye d’Abbecourt (Orgeval, Yvelines)

C’est en ayant pris connaissance du projet d'Aristeas de restitution 3D de la Ménagerie de Versailles (Château de Versailles, 2010) que Jean Pruvost, président de l’association « Histoire d’Orgeval » se décida à contacter Hubert Naudeix pour un projet de reconstitution virtuelle... un peu particulier.
Il s’agit, dit-il confiant, de reconstruire en 3D l’abbaye d’Abbecourt, à Orgeval , au temps de son apogée, juste avant la Révolution de 1789. Cette réalisation devrait permettre de diffuser à un public élargi les connaissances sur cette abbaye aujourd’hui quasiment disparue. La difficulté du projet est que…hormis quelques vestiges sur place et sources iconographiques très maigres, la documentation est constituée uniquement d’archives écrites ! 
Restituer l’abbaye à partir de devis de maçonnerie et de compte-rendu d’architecte ? De mémoire d’Aristeas, on n’avait jamais fait cela !

Rapide petite histoire de l’abbaye d’Orgeval
L’abbaye Notre-Dame d'Abbecourt se situe à Orgeval, dans le département des Yvelines. Elle appartient à l'ordre des prémontrés et son existence est attestée dès le XIIe siècle. Démolie par la Guerre de Cent ans, elle est reconstruite puis agrandie au XVIIe et XVIIIe siècle. L’abbé Grisard, ancien aumônier du roi Louis XV, entreprend l’édification d’un nouveau logis des hôtes vers 1740 ainsi que celle d’une galerie de cloître. En 1741, c’est l'architecte Louis François Herbet qui dresse les plans d'une nouvelle église dont la construction sera finalement achevée par l'architecte Claude Louis d'Aviler. Vers les années 1780, le dortoir est reconstruit par Jean-François Raimbert. L’église est finalement détruite à la Révolution et l’ensemble des bâtiments conventuels en 1827.

La nécessité d’une étude préalable à la reconstitution 3D
Après une rapide consultation des sources écrites, la nécessité d’une véritable étude s’est rapidement imposée afin de mener à bien les étapes suivantes :
- Collecte et analyse des sources textuelles et iconographiques existantes ;
- Transcription des sources textuelles ;
- Relevé des vestiges en place ;
- Etude des autres édifices de référence (autres abbayes du l'ordre des prémontrés et/ou autres bâtiments construits par Claude-Louis D'Aviler) permettant de combler les lacunes laissées par les sources.
L’ensemble de ce travail s’est révélé beaucoup plus important que prévu en raison de la complexité de l’analyse : découverte de nouvelles sources, contradictions entre les documents, recherches historiques et architecturales... Il a néanmoins constitué une étape passionnante, indispensable à la bonne conduite artistique et scientifique du projet.

La collecte et l’analyse des sources
L’étude des sources a constitué la base de données rendant possible la réalisation du modèle 3D de l’abbaye d’Orgeval. 

=> Archives écrites
Parmi les sources du XVIIIe siècle, les mémoires d’architectes et procès-verbaux apportent des informations concernant les dispositions de l’abbaye : architecture des lieux, distribution ou aménagement intérieur et extérieur. Parmi ces documents, citons :
- L’Etat (inachevé) des ouvrages faits par Godard en 1742 : ce document renseigne essentiellement sur l’église et l’aile du cloître ;
- L’Etat initial du bâtiment, l’Etat des constructions et le devis rapportés par Daviler en 1742, ainsi que le procès-verbal rédigé par Declerembourg le 3 octobre 1743, concernant les travaux effectués ;
- Le procès-verbal établi par l’expert Pierre-Hypolite Le Moine en 1790, offrant une description relativement complète du complexe monastique. Il renseigne notamment de l’état de la distribution intérieure.
Par ailleurs, certaines informations parcellaires contenues dans les différents devis établis par les ouvriers, charpentier, couvreur, vitrier… ont été analysées. S’agissant pour la plupart du temps de réparations ou d’interventions ponctuelles, elles ont cependant été exploitées avec précaution.

=> Cartes et plans
A ces sources écrites, vinrent s’ajouter quelques cartes et plans (cartes de chasse, plans de paroisse, cadastres…) représentant le site de l’abbaye d’Abbecourt.

 Le plan d’Henri Griset, d'après un plan de 1630
Les différents bâtiments de l'abbaye ©Archives départementales des Yvelines

Le plan d’Henri Griset présente les dispositions de l’abbaye après les travaux menés par Claude-Louis D’Aviler. Les proportions de chaque édifice semblent réalistes à l’exception du bâtiment de la cour d’entrée qui devait être sans doute bien plus large : abritant en effet des écuries à doubles rangs, ce commun devait mesurer approximativement huit mètres de profondeur. Les différents modes de couvertures ne sont pas tous signalés et le tracé comporte des imprécisions.
Ce document est de loin le plus précis. Il doit cependant être regardé avec précaution puisqu’il ne s’agit pas de l’original mais d’un plan de 1630 redessiné en 1951.

Le plan d’Henri Griset se complète cependant très bien avec le plan des bois de l’abbaye d’Abbecourt détenu aux archives départementales des Yvelines et concordant avec toutes les informations contenus dans les textes.







=> Iconographie
Les sources iconographiques de l’abbaye d’Abbecourt sont peu nombreuses. Datent du XIXe siècle, elles rendent compte de l’état ruiné de l’abbaye :
- deux croquis d’Edmond Bories ;
- un tableau d’auteur anonyme ;
- une photographie d’auteur anonyme

Photographie du mur de l'église, vers 1900
Sur cette photographie, on aperçoit le décrochement courbe du mur de refend, orné de trophée et de pilastres cannelés en léger relief. On aperçoit également un contrefort extérieur faisant pendant au pilastre intérieur. Sur les jambages de l’arcade axiale, une cavité est visible à mi-hauteur : il témoigne de la présence antérieure d’un plancher, sans doute celui du chœur de nuit.

=> Vestiges en place
Sur le site de l’abbaye, une démolition systématique et d’importantes transformations du terrain ont sans doute détruit en profondeur nombre de vestiges de l’abbaye et rendront difficiles des fouilles sur le terrain. On peut observer cependant que le site a gardé le tracé de ses grandes lignes. En superposant une photographie aérienne du site et le plan de l’abbaye, on constate que la parcelle est restée quasiment vierge de constructions.

L’enclos et le plan général de l’abbaye sont encore visibles : une partie des murs d’enceinte (3) autour du grand bassin, lui-même toujours présent sous la forme d’un étang (4). Les restes d’un pilier de portail (5), avec sa feuillure et les traces des gonds de la grille sont observables le long de la route qui porte toujours le nom de « rue de l’abbaye ». Ce pilier était encore visible au début de ce siècle et figure sur certaines photographies. ©Association Histoire d’Orgeval

Mais le vestige le plus signifiant est sans aucun doute le mur long de plus de 60 m et haut de 3 m environ (6). Aujourd’hui simple clôture entre deux champs, ce mur est constitué des murs Est de l’église abbatiale (A), de l’aile des moines (B) et du bâtiment de commun (C) qui la prolonge. On y observe, les arrachements (7) des contreforts de l’église, le nombre et le décor des baies (8) de l’aile des moines, un soupirail (9) sous la première baie de l’aile des moines, une large porte (10) (murée lorsque le mur fut transformé en clôture), les soupiraux (11) du bâtiment de commun et les traces de fenêtres (12), peu visibles sous une épaisse végétation.

Photographie redressée et élévation du mur est de l’église abbatiale ©Aristeas


La restitution des plans de l’abbaye, travail préalable à la reconstitution 3D
La restitution des plans par Aristeas a été rendue possible par la compilation des informations provenant des différentes sources mentionnées ci-dessus. Certains points soulevant des contradictions entre les documents ou certaines lacunes ont cependant fait l’objet d’hypothèses établies selon deux principes :
- par comparaison avec les édifices de référence (autres bâtiment de l’ordre des prémontrés et/ou de Claude D’Aviler : Mondaye, Pont-à-Mousson, Notre-Dame de Licques, Notre-Dame du Bec, Auberives, château de Talmay) ;
- en redonnant à l’ensemble une logique de distribution correspondant d'une part, au fonctionnement d’une abbaye dans son contexte du XVIIIe siècle, et d'autre part aux critères d’usage et d’esthétique du temps, comme, par exemple, celui d’une recherche de symétrie dans le plan de chaque pièce importante.
Il est à noter également le recours aux différents traités d’architecture contemporains à la construction de l'abbaye d'Orgeval, et particulièrement à celui d’Augustin-Charles Daviler, oncle de Claude-Louis D’Aviler, proposant dans ses Cours d’architecture un répertoire de formes, d’aménagements et de décors. Nul doute que son neveu n’ignorait pas ses œuvres de théoricien et ses publications... En regardant en détail quelques planches, on trouve d’ailleurs d’intéressantes similitudes avec des bâtiments réalisés par Claude-Louis (voir par exemple les lucarnes du château de Talmay).

La juxtaposition de ces données s’est avéré complexe et a nécessité de nombreux « aller et retour » entre les différentes hypothèses. Toutefois le résultat présenté ci-après offre une image cohérente et sans doute proche de l’organisation de l’abbaye, en tout cas dans l’état actuel de nos connaissances et des sources mises à disposition.

La cour du cloître. Le dessin de la grille est inspiré des Cours d’architecture d’Augustin Charles d’Aviler ©Aristeas



L’église abbatiale vue du chevet. On retrouve ce type d’architecture dans deux abbayes de l’ordre des prémontrés : à Mondaye, à gauche et à Pont à Mousson à droite. Les points communs que nous avons retenus pour restituer l’église d’Abbecourt sont les contreforts surmontés de grande volutes et les grandes baies en plein cintre. ©Aristeas


Perspectives 2015-2016 : vers la redécouverte de l'abbaye d'Orgeval

Après l’étude et le travail de modélisation, deux autres phases vont suivre au cours des années à venir :
2015 : Réalisation du modèle 3D texturé. Cette phase du travail, également appelé mapping, a pour objectif de doter le modèle 3D de ses matériaux : pierre, enduits.... Le rendu de qualité photoréaliste devrait permettre la réalisation d’images virtuelles spectaculaires.
2016 : Réalisation d’un film afin de porter à la connaissance du plus grand nombre l’existence de l’abbaye d’Orgeval.

Vue d'ensemble de la restitution 3D de l'abbaye d'Abbecourt, à Orgeval ©Aristeas





Le défi de l'association « Histoire d’Orgeval » est en passe d'être relevé puisque les phases les d'interprétation les plus délicates ont pu être menées à bien.
Parions que cette proposition de restitution 3D de l'abbaye Notre-Dame d'Abbecourt saura susciter des échanges féconds au sein de la communauté scientifique. Elle permet en tout cas dores et déjà de sortir de l'oubli un édifice important de l'ordre des prémontrés ; au-delà, elle contribue à restituer la mémoire vive d'un territoire...

lundi 5 janvier 2015

L’éléphant de la Bastille : le projet fou de Napoléon achevé… virtuellement !

Paris, 1808, place de la Bastille : Napoléon fait poser la première pierre d’une fontaine représentant un immense éléphant fait du bronze fondu des canons espagnols. A défaut d’une réalisation jamais achevée, c’est avec son modèle en plâtre grandeur nature que les Parisiens vont cohabiter pendant plus de trente ans. Chanté, raillé, célébré… celui que l’on appelle désormais « l’éléphant de la Bastille » entre dans la mémoire urbaine, « ébauche prodigieuse, cadavre grandiose d’une idée de Napoléon », comme le salue, admiratif, Victor Hugo dans Les Misérables.Aujourd’hui, parmi tous les Parisiens qui déambulent dans le quartier de la Bastille, combien connaissent l’histoire inachevée de l’éléphant de Napoléon ?




C’est précisément pour réparer l’oubli de cet incroyable projet qu’Hubert Naudeix et Mathilde Béjanin, curieux de tout, se sont plongés avec enthousiasme dans cette étonnante histoire… Leurs recherches les ont menées dans les sous-sols de la Place de le Bastille, bien entendu, mais aussi au musée Carnavalet, à la Bibliothèque nationale… Bonne surprise : les documents sont nombreux, permettant de retracer l’histoire mouvementée de cet éléphant… et de le reconstituer virtuellement !

Une petite histoire de l’éléphant en cinq actes
Acte I – 1808 : une idée de l’empereur (et de Vivant Denon)
Dans une note adressée à son ministre de l’Intérieur, Napoléon demande de faire « dresser sans délai les plans, dessins et devis de la construction d’une fontaine sur la place de la Bastille ». Cette fontaine, précise t-il, « représentera un éléphant portant une tour à la manière des anciens ».

Acte II – 1810 : le décret, acte de naissance de la fontaine
« Il sera élevé, sur la place de la Bastille, une fontaine sous la forme d’un éléphant en bronze, fondu avec les canons pris sur les espagnols insurgés ; cet éléphant sera chargé d’un tour et sera tel que s’en servaient les anciens ; l’eau jaillira de sa trompe. Les mesures seront prises de manière que cet éléphant soit terminé et découvert au plus tard le 2 décembre 1811. »
La direction du chantier revient à Jean-Antoine Alavoine. Ses nombreux croquis et ébauches témoignent de l’évolution de son projet ; d'une version naturaliste très dépouillée, l’architecte évolue peu à peu vers des modèles dont la dimension orientaliste est plus marquée. Alavoine livre enfin en 1812 le projet d’un éléphant colossal de quinze mètres de haut et seize mètres de long. Le pachyderme, juché sur sa fontaine, culmine à près de vingt-quatre mètres.

Acte III – 1813 : une maquette en plâtre grandeur nature
Commencés en 1810, les ouvrages en terrassement et maçonnerie sont quasiment terminés en 1813. De son côté, le sculpteur Bridan se voit confier la réalisation d'une maquette en plâtre grandeur nature de l’éléphant.
Mais les détracteurs sont nombreux et le vent de l’Histoire souffle dans la mauvaise direction ; on s’apprête à entreprendre la fonte de l’éléphant lorsque la Restauration met un coup d’arrêt au projet…

Acte IV – 1815-1831 : de l’éléphant à la colonne de Juillet
Au grès des soubresauts politiques, l’existence de l’éléphant n’a de cesse de vaciller. Sous la monarchie de Juillet, le retour en grâce du souvenir napoléonien laisse espérer une reprise des travaux. Mais cet espoir est anéanti en juillet 1831. Louis-Philippe ordonne en effet la construction « sur l’ancien emplacement de la Bastille, d’un monument funéraire en l’honneur des victimes des trois journées. » Le destin de l’éléphant de la Bastille est scellé.

Acte V – 1846 : la deuxième mort de l’éléphant, la destruction de la maquette
Le préfet de la Seine Rambuteau ordonne la démolition de la maquette de l’éléphant. Des ruines de l'éléphant de la Bastille, dit-on, s’échappent des cohortes des rats qui terrorisent le quartier plusieurs semaines durant…

Achever l’éléphant…
Si l’éléphant d’Alavoine ne fut finalement jamais fondu, il ouvrit très vite la voie à un défilé inventif de pachydermes de tout style, depuis les années 1850 jusqu’à aujourd’hui. Les artistes – littérature, cinéma, dessin, BD, spectacle de rue… - s’approprient le projet, le faisant accéder au statut de véritable fantasme.
Il n’en fallait pas plus pour nous donner envie de s’inscrire dans cette lignée littéraire et artistique féconde. Achever virtuellement ce qui ne l’a pas été dans la réalité…

Parmi les nombreuses archives d’Alavoine – l’architecte a tout de même planché sur le sujet pendant la bagatelle de vingt ans ! -, il s’est agi pour nous d’arrêter celui qu’il nous fallait restituer. La vue de la coupe et celle, très proche, de la vue perspective datant de 1808 nous a semblé la plus pertinente ; en tout cas, celle qui a été la plus vraisemblablement choisie et commencée à être construite.


A gauche, le projet définitif de l'éléphant de la Bastille et des infrastructures sous la place enjambant le canal de l'Ourcq ©BNF
A droite, la reconstitution 3D de l'éléphant de la Bastille par Hubert Naudeix ©Aristeas

Une fois ce parti arrêté, le travail de modélisation proprement dit a pu commencer.
Certes, Hubert Naudeix est plus familier dans la modélisation des courbes d’architectures que dans celles d’un éléphant mâle d’Asie ! Heureusement, le logiciel Z-Brush vient à son secours et lui permet la modélisation de l’animal sans trop de difficultés… Après l’éléphant somme toute rapidement exécuté, il fallut entreprendre la modélisation de l’harnachement dans ses moindres détails : pompons, pendeloques, perles en tout genre constituèrent un défi… de patience.


Vue filaire de la modélisation 3D de l'éléphant de la Bastille ©Aristeas

Mais le principal challenge était sans nul doute artistique et concernait la création de textures des matières – bronze pour le corps de l’animal et bronze doré pour l’harnachement. Une patine à trouver pour donner l’illusion du réel…

Et si l’éléphant avait été vraiment construit ? Avouez que vous ne verrez plus la place de la Bastille comme avant…


La place de la Bastille comme nous ne la verrons jamais ! ©Aristeas


A lire
L’éléphant de Napoléon, par Matthieu Beauhaire, Mathilde Béjanin et Hubert Naudeix
Editions Honoré Clair, 2014, 32 €
http://www.editions-honoreclair.fr/elephant.html

Le château de Marly restitué en 3D

Parmi les beaux livres de Noël 2014 est sorti aux éditions de Gourcuff l’ouvrage de Stéphane Castelluccio consacré au château de Marly. Cette importante monographie retrace l’histoire de ce château aujourd’hui disparu, depuis sa construction par Louis XIV jusqu’à la Révolution. L’auteur y étudie particulièrement le décor intérieur et le mobilier laissé par les différents monarques au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. L’ouvrage s’achève par un album composé d’une dizaine d’images 3D réalisées par Aristeas : le lecteur découvre alors les couleurs stupéfiantes des façades peintes en trompe-l’oeil, mais aussi la blancheur élégante du Salon octogone ou l’intimité des pièces composant l’appartement du roi…


Ces spectaculaires images 3D sont issues d’un long travail d’analyse puis de modélisation 3D qui avait été mené en 2011-2012 par Aristeas, sous la conduite d’un comité scientifique (Stéphane Castelluccio, Gérard Mabille, Bruno Bentz, Vincent Maroteaux) dirigé par le Musée-promenade de Marly-Louveciennes (Christine Kayser, Géraldine Chopin).
Cette modélisation 3D avait été commandée à Aristeas par le Musée-promenade, dans l’objectif de produire un film, une visite virtuelle et une maquette en prototypage pour le Musée–promenade. L’ensemble de ces réalisations sont aujourd’hui exposées parmi les collections permanentes du Musée.

Quelles sources documentaires pour la modélisation 3D ?
Coupe du château de Marly ©Archives nationales
L’état retenu pour la modélisation a été celui du château en 1715, à la mort de Louis XIV. 
Le document ayant servi de référence à Aristeas tout au long du projet a été sans aucun doute la coupe des Archives nationales. Le dessin offre en effet une vision très précise de l’articulation des volumes et de la nature des décors. Bien que très complète, cette coupe laisse pourtant des zones d’ombre qu’il a fallu explorer à la lumière d’autres relevés, dessins et projets de provenances variées : collection du Musée-promenade, château de Versailles, archives départementales des Yvelines, musée de Stockholm… Ainsi une série de gravures du Centre de recherche du château de Versailles portant sur l’ensemble des cheminées du château nous a permis de renseigner l’élévation des murs jusqu’à leur corniche.
Parmi les nombreuses représentations iconographiques de l’architecture extérieure du château, souvent fantaisistes et parcellaires, celle qu’en donne les frères Martin dans leurs différents tableaux a été considérée par le comité comme étant la plus juste.
En ce qui concerne les sources écrites, l’Inventaire du mobilier à la mort de Louis XIV, les Comptes des Bâtiments du roi, ainsi que les descriptions de Piganiol de la Force ont permis de valider ou de compléter certaines informations.
Enfin, il convient naturellement de citer les éléments mobiliers arrivés jusqu’à nous : les nombreuses peintures, conservées en partie au Musée-promenade, ainsi que quelques rares éléments mobiliers.

Des façades polychromes
C’est sans doute sur le sujet de la polychromie des façades que furent menées les plus âpres discussions... Il s’est agi de compiler, de confronter les sources afin d’en offrir la synthèse la plus vraisemblable possible.
Reconstitution 3D du pavillon royal de Marly © Aristeas
Conformément aux tableaux des frères Martin et aux descriptions écrites, l’ensemble peint à fresque a donc été représenté de couleur pierre, rose et or ; cette palette chromatique est d’ailleurs celle du Grand Trianon, construit également par Jules Hardouin-Mansart quelques années plus tard. 
Les corniches ont été restituées en faux marbre rose : la présence d’un enduit rose retrouvé sur un morceau de la corniche de l’un des pavillons vient corroborer cette hypothèse (conservé au Musée-promenade). Les sources écrites soulignent la dorure ainsi que la présence d’un bleu lapis. Il a paru pertinent d’appliquer les dorures sur les trophées, et de réserver le bleu aux fresques des frontons représentant la course du char d’Apollon dans le ciel.
Enfin, conformément à la coupe, les fresques ornant le corridor extérieur et faisant le tour du Salon octogone, ont été restituées en teinte pierre, avec des décors de grisaille.

Le château, pièce par pièce…
Pour la reconstitution 3D de l’architecture intérieure du château, les membres du comité scientifique ont du se prononcer avec exhaustivité sur tous les éléments : modénature, décor, mobilier, ameublement, peinture.
Surprenante de prime abord, la prédominance de la couleur blanche est pourtant clairement attestée dans les Comptes des Bâtiments du Roi qui soulignent régulièrement la réfection en blanc du rez-de-chaussée de Marly. Seuls les cadres de glace et les bordures des tableaux sont dorés.

Le Grand Salon octogone est bien connu grâce à la coupe des Archives nationales. Aristeas en a proposé une restitution 3D à différentes heures du jour et de la nuit. 

Reconstitution 3D du Salon octogone de Marly. Sur l'attique, les cariatides ont été réalisées par Aristeas à partir de capture numérique des termes du jardin de Versailles reprenant, comme à Marly, le thème des saisons et des mois de l'année. © Aristeas
Les partis de restitution sur les vestibules nord et sud ont été plus difficiles à arrêter en raison des modifications qu’ont eu à subir ces deux pièces, avec notamment l’installation de grandes cheminées. Le comité a finalement retenu comme source principale le dessin de Gabriel.
La reconstitution 3D des trois pièces composant l’appartement du roi (antichambre, chambre et cabinet) a constitué un véritable défi puisque nous n’en connaissons aucune représentation, hormis les dessins des trumeaux de cheminées mentionnés ci-dessus. Seuls nous sont parvenus des plans et surtout des inventaires répertoriant de très précieuses informations : couleur des meubles d’étoffes des trois pièces (tentures murales, rideaux et tissus d’ameublement), marbre des cheminées et, bien sûr, pièces de mobilier avec leur emplacement…

Restitution 3D de la cheminée de l'antichambre de l'appartement du roi à Marly. A gauche, la gravure qui a permis la restitution du décor. © Aristeas


Une « recomposition » virtuelle du mobilier

Menée particulièrement sous l’égide de Stéphane Castelluccio, l’une des « enquêtes » les plus passionnantes fut sans doute celle concernant le mobilier. En effet, en dehors d’une table des vestibules (conservée au Salon de Mars du château de Versailles) et d’un paravent passé récemment en vente publique, aucun mobilier du château de Marly ne nous est resté… Pour tous ces éléments, Hubert Naudeix a donc du rechercher des solutions de représentation, au cas par cas.

Vestibule est. La table reconstituée en 3D est l'un des seuls mobiliers existants de Marly © Aristeas

La reconstitution 3D présente ainsi des pièces de mobilier existantes, correspondant à la description des inventaires, mais ayant été commandées pour d’autres demeures royales (exemple dans l’antichambre : les deux commodes estampillées Boulle, en marqueterie d’écaille et de cuivre, avec trois tiroirs et ornement de bronze dorée). Malheureusement, les meubles crées pour Marly n’ont pas toujours eu, ou n’ont plus aujourd’hui, d’équivalents dans d’autres collections ; Hubert Naudeix a donc entrepris de les recomposer virtuellement. Les niches des chiens du vestibule, les cabinets ou encore le bureau de la chambre du roi (dont le décor Boulle a été imaginé à partir d’un autre bureau de Louis XIV, conservé au Metropolitan de New-York) ont ainsi été « recréés » d’après une analyse minutieuse des inventaires et des sources diverses. Dans cette recherche du moindre détail, chaque indice s’est avéré précieux. Ainsi une anodine description du contenu a-t-elle pu nous renseigner sur les dimensions du contenant (les inventaires soulignent, en donnant leur dimension et leur nombre, l’existence de petites maquettes de boutique réalisées en filigrane et qui ont donné la taille du meuble les accueillant). Dans un même esprit, la description des étoffes, souvent très précises, a permis de recomposer virtuellement les brocarts. 
La précision des documents et le travail d’analyse ont donc permis de proposer des hypothèses de restitution allant dans le moindre détail…

Interface du logiciel 3D présenetant la restitution de l'antichambre de l'appartement du Roi à Marly. Détail sur le bureau en marqueterie Boulle. Ce bureau, dont il n'existe aucune représentation, a été restitué d'après les description présentes dans les inventaires du mobilier de Marly. © Aristeas


Aujourd’hui au Musée-promenade : une maquette et une visite virtuelle
Une fois effectuée par Hubert Naudeix, la modélisation 3D a été « déclinée » en deux produits muséographiques distincts : une visite virtuelle et une maquette.
La visite virtuelle commence dans les jardins, en bas de la grande allée qui mène à l’emplacement du château. La reconstitution 3D du pavillon surgit alors dans son environnement actuel. Dès lors, le visiteur est invité à déambuler devant, puis à l’intérieur du château, grâce à une manipulation sur écran tactile. En se déplaçant dans l’image virtuelle, il peut faire apparaître des notices explicatives sur certains tableaux, mobilier ou éléments d’architecture. Toutes les images de synthèse qui composent la visite virtuelle ont été produites à partir de la modélisation 3D du pavillon. Les calculs numériques ont permis de créer des mouvements de caméra et des effets de lumière dans le décor virtuel. Afin de rendre la sensation d’une véritable promenade dans les lieux, le cadrage a toujours été celui dit « en caméra subjective », c’est-à-dire à hauteur d’homme. Certaines vues sont particulièrement spectaculaires, comme celle du Grand Salon vue depuis la loge des musiciens à l’étage.

La maquette réalisée en prototypage d'après le modèle 3D d'Aristeas :
travail en cours puis exposée au Musée-promenade © Aristeas
La modélisation 3D du pavillon a permis également la réalisation d’une maquette de l’ensemble du pavillon royal, coupée sur un quart, offrant ainsi au visiteur la possibilité d’admirer l’architecture intérieure de l’appartement du roi. Les pièces qui la composent sont en grande partie issues d’un procédé de prototypage. Les fichiers ont été traités par des « imprimantes 3D » ayant la capacité de sortir l’objet numérique en résine translucide. Tous les détails modélisés se retrouvent donc dans chacune des pièces de la maquette. Une fois l’ensemble des pièces réalisées en prototypage, elles ont été confiées à notre partenaire Philippe Velu, spécialiste des maquettes du patrimoine architectural ; son travail a consisté à peindre et assembler toutes les pièces jusqu’au rendu final.

La conception de la modélisation 3D du pavillon de Marly donne une représentation de l’état des connaissances sur son architecture ; sur certaines questions, elle a même engendré de nouvelles interrogations pour lesquelles le comité a été invité à proposer des hypothèses. En cela, elle constitue une remarquable synthèse des dernières recherches sur ce palais disparu.
Le souci permanent d’étayer les différentes hypothèses de restitution et le sens du détail qui ont prévalu tout au long de ce projet, notamment dans la reconstitution de l’ameublement intérieur, font de cette restitution 3D un projet exceptionnel.

Au-delà, la modélisation 3D du pavillon royal de Marly permet désormais de proposer aux visiteurs du Musée-promenade un film en image de synthèse et une maquette : de la recherche scientifique à la médiation, il n’y aura eu qu’un pas…

Cet article a été publié dans la revue « Marly,art et patrimoine », n° 7, 2013

A lire
Marly, par Stéphane Castelluccio
Editions Gourcuff Gradenigo, 240 p., 59 €










samedi 27 décembre 2014

Aristeas, c'est grec?

« On connaît sous ce nom un poète épique qui vécut vers le VIe siècle av. J.-C., dont la biographie se réduit à une suite de récit fabuleux » commence le Dictionnaire de la mythologie Larousse à l’article « ARISTEAS »…
Mais poursuivons un peu notre lecture... « A moitié magicien, Aristeas avait le pouvoir de disparaître à sa guise et de resurgir à des époques et dans des lieux divers ». Quelle belle métaphore pour notre métier !

En choisissant le figure d’ARISTEAS pour incarner notre société, puissions-nous, nous aussi, explorer le temps et l'espace et nous fondre dans les différentes époques que nous avons à évoquer, tout en ayant une conscience et une perception du XXIe siècle, de son recul et de son approche scientifique.

Et puis Aristéas était grec, offrant ainsi à notre aventure un clin d’œil à ce pays à l’origine de la culture occidentale, de l'art et de l'architecture européenne.

La légende d’Aristeas s’achève par sa visite dans les suaves douceurs du pays des hyperboréens : une chaleur délicate, un jour éternel… Apollon lui-même, dieu des arts, s'y ressourçait…




Aristeas, ou le don de resurgir à des époques différentes...